Il y a à peine quelques années, la vie de Marc-Antoine Forand était complètement différente. En plein cœur de Montréal, il enfilait les heures devant son ordinateur, les cafés pour rester éveiller et les sorties tard entre amis. Le sommeil? Pour plus tard.
Aujourd’hui, Marc-Antoine habite à flanc de montagne, et sépare ses journées entre la garderie où il est éducateur à la petite enfance, et les sentiers où il s’entraîne pour ses courses de haute endurance.
Qu’est-ce qui s’est passé entre le point A et le point B?
La naissance d’un parfait petit humain.
10 jours après l’arrivée de Noah, au cœur du tourbillon émotif que vivent les nouveaux parents, on a découvert qu’un chromosome de plus s’était invité dans leur famille. Noah a été diagnostiqué de la trisomie 21 sans qu’aucun signe avant-coureur ne se soit manifesté.
C’est à ce moment que le jeune papa a acheté ses premiers souliers de course. « J’avais besoin d’une échappatoire. L’activité physique n’a jamais vraiment fait partie de ma vie, mais j’avais besoin de faire quelque chose. Pour penser plus clairement. Pour assimiler ma nouvelle réalité. Pour arrêter de penser aussi parfois, et me retrouver dans mon corps. »
«Courir a été un apprentissage. À ma première sortie, 500 mètres et je n’en pouvais plus. J’ai appris à évoluer dans ce sport parce que c’était un moyen facile de m’enraciner dans le moment présent et d’avancer une journée à la fois.»
Un kilomètre après l’autre, jusqu’au 21 mars 2022, Journée mondiale de la trisomie 21, où son projet Courir pour Noah l’a mené à New York. Marc-Antoine a couru de la métropole jusqu’à sa maison de Bromont. Plus de 700 km en 7 jours. L’équivalent de 17 marathons pour amasser des fonds et sensibiliser la population à la réalité d’enfants comme Noah.
«Quand on a eu Noah, Carolanne et moi, on ne connaissait personne de près ou de loin qui vivait avec un syndrome comme la trisomie 21. On n’avait jamais vraiment côtoyé d’enfants ayant des besoins particuliers. J’avais la tête pleine de questions et de craintes. Dès le départ, on a eu la chance de recevoir beaucoup d’aide pour prendre le temps d’assimiler et de retrouver nos repères. Ça a été tout de suite clair pour moi que je devais trouver une manière d’aider d’autres familles à mon tour.»
C’est ce que le papa de Noah fait en courant, mais c’est aussi la motivation derrière son changement de carrière. «Chaque jour à l’école, Noah a quelqu’un qui l’aide. Je me suis dit, pourquoi ne pas être cette personne-là pour un autre enfant? Qu’ils aient des besoins particuliers ou pas, ils ont tous leurs défis.» Et c’est comme ça que Marc-Antoine est devenu éducateur à la petite enfance.
«Ma vie avec mes petits humains et avec Noah est très active. L’aspect course en montagne de mon quotidien, c’est mon moyen de me recharger mes batteries et d’arriver à être pleinement disponible pour ma famille. Vivre avec Noah, c’est un feu roulant du lever au coucher, pour le meilleur et pour le pire. J’ai besoin de ce moment avec moi-même.»
À quel moment Marc-Antoine se sent-il sur son X? «L’essence de ma vraie nature, je la vis dans une vingtaine de minutes chaque jour, un petit moment dans ma routine qui m’habite toute la journée. Je me lève avant l’aube et je pars seul, à la frontale, courir jusqu’au sommet de ma montagne. Voir le lever du soleil, respirer l’air frais, vivre le début de ma journée en nature, puis revenir énergisé à la maison. Juste à temps pour voir Noah et June, à peine réveillés, courir dans mes bras pour me souhaiter bon matin. Ces vingt minutes, le cœur plein de montagne et de sourires d’enfants. Cette euphorie. C’est ma raison d’être.»
Marc-Antoine a appris à suivre sa vraie nature grâce à la loterie génétique. «C’est Noah qui m’a montré ce que signifie vraiment être authentique. Rien ne me rend plus fier que de présenter Noah au monde. C’est mon garçon. Je pense qu’il a été mis sur notre chemin pour nous pousser à vivre notre vraie nature chaque jour. Avec Noah, il n’y a pas de demi-mesure. Il n’a pas de masque et n’en aura jamais. Si on doit tourner à droite, mais qu’il veut aller à gauche, il va à gauche. Il suit son instinct.
Ma fille et les 16 enfants de mon groupe m’enseignent aussi à être vrai. Ils n’ont pas encore appris à cacher ce qu’ils pensent et ce qu’ils sont. Ça me fait réfléchir: pourquoi portons-nous parfois un masque en tant qu’adultes? Qu’est-ce qui nous empêche d’embrasser la différence?»
Pour Marc-Antoine, l’ouverture passe par l’éducation. D’où sa mission personnelle d’engager la discussion sur la trisomie 21. «Du haut de ses 4 ans, ma fille June est déjà tellement groundée. Vivre avec son grand frère, et dans une famille qui lui enseigne qu’elle peut faire ses propres choix et suivre son instinct, ça lui donne une sensibilité et une ouverture qui va la mener à tracer son propre chemin. C’est ce que j’espère.»
Noah a enseigné à ses parents à suivre leur vraie nature. Et ils ont décidé de l’appliquer dans toutes les sphères de leur vie. «C’est peut-être cliché, mais je pense que l’important est d’essayer. Si une idée te trotte dans la tête, ça vaut la peine de tenter le coup. Le pire qu’il peut arriver, c’est de se tromper. Et ensuite, on essaie autre chose. C’est comme ça qu’on évolue.»
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