Suivre sa vraie nature: savoir saisir le momentum avec Camilo Lapointe-Nascimento

Si la scène culinaire québécoise vous fascine, vous connaissez probablement le chef Camilo Lapointe-Nascimento, qui s’est entre autres démarqué dans les compétitions Les chefs! et Top Chef Canada. Ce mois-ci, notre équipe a rencontré cette étoile montante pour discuter de son parcours.

Créer des liens entre deux passions

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que la cuisine n’a pas toujours été la passion de Camilo. «Au départ, c’était le vélo. Je faisais du BMX avec mes amis au secondaire. On écoutait des vidéos de vélo sur YouTube et j’ai commencé à filmer nos sessions pour capturer nos meilleurs mouvements.»

«J’ai éventuellement développé une passion pour l’audiovisuel, je voulais devenir réalisateur. J’ai commencé mes études dans ce domaine, et je me suis cherché un emploi pour financer mes projets vidéos.»

C’est à ce moment que Camilo est entré pour la première fois dans une cuisine professionnelle. Une révélation s’est rapidement imposée.

«J’ai détesté ça.» s’exclame Camilo. «J’étais certain que le monde de la cuisine n’était pas pour moi. Caché dans le fond d’une cuisine, je me sentais exploité. Jusqu’au jour où je me suis retrouvé dans un restaurant où on encourage le contact entre la cuisine et le client.»

«J’ai eu un déclic quand j’ai vu la réaction des gens qui goûtaient aux plats que je préparais. Leur plaisir d’être au restaurant. J’ai voulu contribuer à ce bonheur-là. Et aujourd’hui, j’y arrive à ma manière en partageant mes recettes et mes expériences culinaires en vidéo.»

L’art de la persévérance

«L’amour de la cuisine a toujours été en moi. Ce n’était juste pas une passion aussi claire, je n’avais jamais pensé devenir chef. Mes grands-parents cuisinaient beaucoup. J’étais fasciné par les couteaux de mon grand-père, je voulais apprendre à les utiliser. Couper des champignons, développer la bonne technique. Ça m’a amené à essayer différentes choses.»

«Vers l’âge de 20 ans, c’est devenu évident. Je voulais être chef. J’ai mis énormément de temps et d’énergie dans ma carrière. J’étais toujours au restaurant pour me pratiquer, j’ai fait mon cours à l’ITHQ. Je n’avais pas de vie sociale, mais c’est un investissement qui m’a permis de créer ma place.»

«Participer à des compétitions était encouragé dans le restaurant où je travaillais. Puis, j’ai été appelé à collaborer avec un créateur YouTube connu en Europe. J’ai décidé de ressortir ma caméra et de soutenir le momentum en lançant ma propre chaîne, @Camiloouichef

«Même quand je ne filmais pas, j’ai continué à consommer beaucoup de contenu sur la cuisine. Des vidéos de chefs, des vrais reportages en cuisine. Ça a beaucoup nourri ma philosophie culinaire et c’est ce que je veux faire à mon tour.»

En se remettant les mains dans la réalisation et le montage, Camilo a redécouvert une passion qui lui manquait. Il a donc décidé de faire le saut: quitter Menu Extra, l’entreprise qu’il a cofondée, pour trouver une opportunité qui lui permettrait de consacrer plus d’énergie à la réalisation. 

«Dans les dernières années, j’ai eu la chance de cuisiner pour plusieurs événements exclusifs. Je pouvais charger un prix X et les gens allaient le payer. Mais ça me faisait mal au coeur que ma cuisine soit aussi peu accessible.»

L’opportunité idéale s’est ensuite présentée: devenir chef privé pour hub créatif, comprenant un label, un studio de son et une compagnie de production vidéo. «Je cuisine au déjeuner et au dîner pour l’équipe, puis j’ai accès aux studios pour créer du contenu l’après-midi. Je ne pensais pas qu’une carrière aussi parfaite existait. Des gens profitent de mes plats chaque jour, et j’ai la chance de partager ma philosophie et mes recettes gratuitement avec le public grâce à ma chaîne.»

Voir l’inconfort comme un espace de croissance

Quand Camilo a commencé à filmer ses capsules, il a mis un an à trouver un rythme confortable. «C’est la même chose en cuisine. Quand je lance un nouveau menu, le meilleur moment, c’est la troisième journée. Au début, ça va toujours moins bien. J’ai besoin de temps pour apprendre les mouvements. Quand tout se place, quand je n’ai plus besoin de réfléchir et que ça coule, j’arrive dans un moment très authentique et aligné. Mais ça prend du temps pour en arriver là.»

Pas étonnant que la troisième passion de Camilo soit le sport d’endurance. «Le vélo, c’est très spécial comme sport. La continuité du mouvement, l’absence d’impact. Tu arrives à un point où tout est connecté. Tous tes sens. Et chaque décision que tu prends a un impact immédiat sur ton corps.»

Camilo croit que c’est dans la répétition et dans l’inconfort qu’on évolue. «J’ai toujours été de ceux qui cherchent à s’améliorer. Qui essaient de voir comment on peut avancer. Être confortable dans ce qu’on fait vient avec la pratique.»

 Affûter son sens du partage

S’il croit à l’endurance, au sacrifice et au mérite de l’effort, le jeune chef ne souscrit pas à la culture du secret qui a longtemps régné dans le monde culinaire. 

«Pour moi, il n’y a pas de recette secrète. Personne n’invente rien. Si tu crées une recette, il y a de bonnes chances que d’autres l’aient cuisinée avant.»

«J’ai eu des mentors extrêmement généreux. Ils n’avaient aucun filtre et ça m’a permis d’apprendre rapidement. Ça m’a permis d’avancer tôt dans ma carrière. Si on protège nos techniques et nos secrets, qu’est-ce qui arrive à la relève? Elle doit mettre les bouchées doubles pour apprendre.»

Heureusement, cette culture tend à changer, entre autres grâce aux chefs qui partagent leur savoir en ligne, ou dans des livres. «L’idée de recette secrète commence à s’estomper. On peut penser aux chefs comme ceux de Noma, qui ont passé des années à perfectionner la fermentation, pour ensuite écrire un livre ultra vulgarisé et accessible sur le sujet.»

«C’est essentiel pour moi de partager au maximum. Je veux être de ceux qui font avancer les choses.»

Une mission très noble qui portera sans aucun doute Camilo loin. 

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