Le monde d’Amelia Hadouchi est rempli de couleurs, de mouvement et de bonnes vibrations. Cette artiste montréalaise crée des œuvres envoûtantes dans son studio en plein cœur de la ville, la tête pleine de nature et une branche de céleri à la main.
Qu’est-ce qui l’inspire? Un besoin viscéral de créer et l’envie de susciter des moments de contemplation similaires à une marche en nature chez les gens qui se laissent absorber par son art.
Beaucoup d’artistes tracent leur chemin à contre-courant. Malgré les mises en garde des autres, les déceptions de leurs proches, les injonctions sociales. Ce n’est pas tout à fait le cas d’Amelia – heureusement.
«Mes parents viennent d’Algérie et ont immigré au Québec il y a une trentaine d’années. En nous élevant mon frère et moi, ils ont fait le choix conscient de briser le cycle. Ils ont renoncé à nous façonner en fonction d’un idéal de succès pour nous laisser être pleinement. Ils voulaient que leurs enfants fassent ce qui les passionne vraiment. J’ai commencé tôt à explorer différentes expressions artistiques, pour finalement choisir la peinture vers l’âge de 9 ans.»
Est-ce qu’Amelia serait tout de même devenue artiste sans le soutien de sa famille? «Oui. Aucun doute. Mais ça aurait été plus difficile. Je pense que la volonté de prouver que je suis capable m’aurait motivée, même si c’est une approche moins saine.»
«Je me suis toujours sentie comme une licorne. Comme si je ne fitais pas tout à fait dans le moule. Je n’étais pas mauvaise à l’école, mais je ne comprenais pas le parcours et les étapes qui se dessinaient devant moi. Je ne me voyais pas suivre ce chemin-là. Tôt, je me suis connectée à moi-même, je me suis demandé ce que je voulais faire et je savais que c’était artistique.»
«Sur mon lit de mort, est-ce que je me dirai j’aurais donc dû? Cette idée me glace le sang et me suit chaque jour. Je veux vivre le genre de vie qui me remplit de fierté. Je veux avoir vécu plein de choses.»
Est-ce que ça signifie qu’Amelia a suivi un parcours linéaire pour se rendre où elle est aujourd’hui? Absolument pas! «Ça m’a pris un moment pour trouver ma vocation. J’ai commencé à travailler jeune, j’ai d’ailleurs dû mentir sur mon âge pour obtenir ma première job dans une boutique. J’étais bonne en vente et ça m’a menée à étudier en business, dans l’idée d’un jour démarrer ma propre entreprise. En cours de route, j’ai réalisé que je suivais encore un chemin sociétal. Je me suis demandé: est-ce que je fais ça parce que je dois le faire, ou parce que je veux le faire? Est-ce que je peux faire autre chose?»
Amelia s’est ensuite dirigée vers le design d’intérieur, qui l’a finalement conduite vers une carrière en art. «J’utilisais mes œuvres comme décoration dans mes maquettes de design. Rapidement, mes collègues m’ont demandé s’ils pouvaient aussi les utiliser.» C’est là qu’Amelia a commencé à partager son travail. D’abord en classe, puis sur les réseaux sociaux.
Amelia fait partie de ceux qui n’ont pas peur de se lancer les yeux fermés dans une carrière atypique. Est-ce que c’est pour autant facile d’être artiste à temps plein? «Pas du tout. Si c’était juste de moi, ça aurait été facile. J’ai confiance en moi et en mes choix. Mais j’ai dû me battre avec la projection des autres, la projection de leurs peurs. Il faut être fort mentalement pour entendre tous les jours que notre parcours ne sera pas facile. Et quand même aller de l’avant.»
«Quand je peins, il n’y a pas de place pour l’égo. Je suis vraiment alignée avec ma vraie nature. Je mets de la musique, je danse, je ris, je suis en transe. Je n’ai rien à prouver à personne.»
La partie difficile vient à l’étape suivante: partager ses créations avec le monde. «C’est toujours dur d’amener mes œuvres à l’extérieur. J’ai appris à le faire plus fluidement avec le temps. Avant, certaines œuvres pouvaient rester des mois dans mon studio avant que je les montre.»
La partie difficile vient à l’étape suivante: partager ses créations avec le monde. «C’est toujours dur d’amener mes œuvres à l’extérieur. J’ai appris à le faire plus fluidement avec le temps. Avant, certaines œuvres pouvaient rester des mois dans mon studio avant que je les montre.»
Qu’est-ce qui lui donne le courage d’exposer son travail? «J’apprends à voir mes œuvres comme des entités à part entière. Ce sont des extensions de moi, mais elles ont aussi leur chemin à faire. Ce serait dommage que je les garde pour moi, alors qu’elles ont peut-être un message, des vibrations à partager avec quelqu’un. Elles vont peut-être trouver écho ailleurs.»
La nuance qui nous frappe dans l’approche d’Amelia, c’est qu’elle ne crée pas pour plaire à tous. «Il y a une énorme différence entre vouloir que tout le monde aime tes toiles, plutôt que de souhaiter qu’elles plaisent à une personne. Si tu crées pour faire l’unanimité, tu n’es pas dans ta vraie nature. Tu es en train de façonner quelqu’un qui n’existe pas. La création qui en découle n’est pas une expression de ta vraie nature.»
«Je vois mes œuvres comme une collaboration avec l’univers. Je me connecte à la beauté de la vie, à la nature, et ce qui veut sortir sort. J’aime explorer et j’ai comme intention de toujours rester dans l’exploration. J’ai trouvé ma voie artistique, mais le canevas peut changer.»
Parfois, Amelia s’exprime sur une toile. D’autre fois sur un mur. En fonction de l’inspiration du moment, ou dans le cadre d’une collaboration avec une marque. «Toutes les surfaces sont valides. Je n’ai jamais eu de conflits intérieurs à explorer différentes avenues, mais j’ai reçu des critiques extérieures. De la part d’artistes qui adhèrent aux règles rigides des beaux-arts. Est-ce que l’industrie va me respecter si je collabore avec des marques? Si je fais des vidéos Tik Tok pour présenter mon art? Je pense qu’il ne faut pas se poser trop de questions et rester authentique à soi.»
«La créativité est un flow constant. Pourquoi lui mettre un frein de peur que les gens jugent? Les autres n’ont pas de décisions à prendre dans ma vie. Je sais que je prends un chemin différent, que je défie les règles. Mais qui a inventé ces règles?»
Et pourquoi devrait-on les suivre?
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