Suivre sa vraie nature: quand être sur ton X devient toxique avec Sophie Montminy

Sophie Montminy est l’une des pionnières du numérique au Québec. L’arrivée du magazine mode Clin d’œil sur le Web et les réseaux sociaux, c’est elle. Sophie a connu la montée du marketing d’influence, signant son lot de collaborations avec des marques variées et accumulant les abonnés. Jusqu’à ce qu’elle dise stop.

Qu’est-ce qu’on fait, quand ce qui nous passionne n’est pas sain?

C’est Noël, l’atmosphère est festive, la maison grouille de vie et Sophie observe son fils. «Comment ça se fait que je sois si malheureuse, alors que mon fils, lui, est heureux?»

Comme un déclic, un son de cloche provenant de sa petite voix intérieure qu’elle n’entendait plus depuis longtemps. «La mode, le glamour, partager sa vie sur les réseaux, c’est recevoir des petites doses d’amour au quotidien. Chaque like est une validation. Je suis cute, ce que je dis a du sens, mon opinion vaut la peine d’être entendue. C’est incroyable… jusqu’à ce que ça devienne malsain.»

Ce Noël-là, Sophie a reçu un cadeau inattendu: réaliser qu’elle avait une cyberdépendance grave.

«Chaque année, mon mari et moi on se fixe des rêves et des objectifs au lieu de résolutions. Cette année-là, je n’y suis pas arrivée. J’ai réalisé que je ne me connaissais plus. J’étais en dépression profonde. J’ai fait une cure de médias sociaux et j’ai travaillé sur moi — une quête personnelle dans laquelle je suis encore.»

Depuis, la vie de Sophie a complètement basculé. Elle a quitté le monde de la mode pour se consacrer à l’écriture à temps plein.

Pression sociale et recherche de perfection

«Vivre sa vraie nature, c’est être toujours en train de se découvrir. Il ne faut pas s’en faire parfois si on s’éloigne, si on se fait prendre dans le glamour, la jalousie, le succès. Tester une chose qui n’est pas nous à 100%, mais à laquelle on s’identifie pendant un moment, ça fait du sens. On ne peut pas être une version parfaite de soi sans avoir vécu.»

Le problème selon Sophie, c’est que beaucoup de gens (et de femmes surtout) tentent de se construire dans un univers toxique. «Qu’est-ce qu’on fait, quand le milieu qui nous passionne, quand une profession qu’on aime, vient avec un univers toxique? C’est la question qu’explore mon premier roman, Imparfaite. J’ai voulu montrer ce qui se passe quand on évolue dans un milieu qui ne colle pas à nos valeurs, mais dans un livre le fun.»

«Mon livre, et aussi mon podcast, a été des manières un peu égoïstes de me guérir. Je voulais donner un pas de recul, faire réfléchir. Et plusieurs m’ont dit que ça leur a permis de faire la même chose.»

Dans ses projets créatifs, Sophie met en lumière les différentes facettes des femmes qui croisent son chemin. Elle dénonce ce qui est problématique et fait briller les victoires. «En tant que féministe, j’ai toujours voulu faire avancer la cause des femmes. Je ne suis pas de celles qui vont dans les rues, même si je les admire. Ma force, c’est de réunir. Je veux insuffler la collaboration et mettre en valeur. Beaucoup de femmes ont besoin d’encouragement, et elles n’en ont pas toujours. Je veux leur donner un boost.»

Son podcast, Femmes de fer, est la définition même des femmes qui élèvent les femmes. Elle nous fait découvrir un éventail d’entrepreneures qui, dans l’ombre, soulèvent des montagnes.

Chercher la validation en soi

La réalisation qui a mené Sophie sur la route de la guérison est la suivante: «J’ai dû apprendre à trouver une validation à l’intérieur de moi-même. Et j’ai dû accepter que je ne suis pas parfaite — d’où le titre de mon roman.»

«Partager sa vie sur les réseaux sociaux, c’est trouver une validation dans le regard de l’autre. Mais faire des recherches en ligne, lire des blogues sur le bien-être, c’est aussi une validation externe. Comment on se sent, pourquoi on se sent comme ça. Ce sont des pistes de réflexion, mais pas ta réponse. Pour aller mieux, tu n’as pas le choix de te fermer un peu et de te regarder. Qu’est-ce qui ne va pas?»

«On a tellement d’angles morts que ça prend une vie pour se connaître. Et si on ne prend pas un peu de recul chaque jour pour s’observer, on accumule les angles morts. J’en suis arrivée à un point si douloureux que je n’avais plus le choix de me poser les questions.»

S’accueillir à bras ouverts

«Une chose qui me fait toujours rire, c’est la phrase suivante: personne ne sait ce qu’il fait.» 

Pour Sophie, accepter son imperfection et celle des autres, ça enlève de la pression. «Je ne serai pas capable, je ne suis pas sûre. L’autre serait sûrement capable de faire mieux… En fait, l’autre ne le sait pas plus. Tout le monde avance à l’aveugle. La plus belle chose, c’est de faire confiance à l’univers.»

«Plus on accepte notre imperfection, plus on est capable de faire des grandes choses et plus on est capable de se relever.» C’est ce que Sophie a compris. «Jamais je n’aurais pensé pouvoir écrire tout un roman. Mais j’avais tellement fait de visualisation avant d’écrire que rien ne m’aurait arrêtée.»

«L’image parfaite qu’on construit de soi, c’est une carapace. Mais en fait, il n’y a pas d’armure plus forte que la visualisation personnelle.» Pour Sophie, être capable de voir ses forces et ses faiblesses, et savoir se projeter dans l’atteinte de ses objectifs, c’est la définition même de la confiance.

«Quand on connaît sa position, ses valeurs, sa force, l’opinion des autres a moins de poids. On peut observer, comprendre et poser des actions sans perdre le contrôle de soi.»

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