Suivre sa vraie nature: le retour à la terre d’Alexandra Briand

Vous a-t’on déjà dit que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs? Pour Alexandra Briand et sa famille, c’était plutôt le contraire. Il y a quelques années, cette jeune mère de famille a quitté sa banlieue et son 9 à 5 pour déménager en campagne et devenir… maraîchère!

Prendre la clé des champs

Quand on lui a demandé ce qui l’a inspirée à troquer le monde de l’assurance pour celui des légumes, Alexandra s’est mise à rire. «Je me pose souvent la même question. Ça vient un peu de nulle part, mais c’est aussi naturel pour moi. Je n’ai pas hérité ce métier-là de ma famille ‒ au contraire. Mais quand j’y pense, mon amour de la nature me vient de mon père. Il m’a toujours encouragée à être dehors. Il m’amenait en camping, en randonnée. L’intérêt initial vient de là.»

Entre passer ses fins de semaine à l’extérieur, et retourner aux études pour démarrer une mini-ferme biologique, il y a tout de même une marge! Pour Alexandra, ce projet a été nourri par sa relation avec la maternité.

«Voir mes enfants grandir vite, tellement vite, ça m’a un peu fait peur. Le travail de bureau, pour moi, ce n’était pas compatible avec la vie que je souhaitais pour ma famille. Je voulais plus de temps avec eux. Un quotidien plus lent. En même temps, je voulais leur inculquer des valeurs environnementales et leur offrir de l’espace.»

Se donner à fond pour ses enfants, sans s’oublier

Alexandra se rappelle ses premières années en tant que mère. «Je suis une personne qui fait les choses intensément. Quand je suis devenue mère, je me suis complètement investie dans mes enfants. Comment on fait pour ne pas se perdre quand on porte les chapeaux de mère, de conjointe, de professionnelle, de femme et tant d’autres? Je cherche encore la réponse. Mais pour moi, ça passait par le fait d’avoir un projet qui m’habite.»

Alexandra a toujours su qu’elle voulait habiter à la campagne. C’est un rêve qu’elle entretenait avec son conjoint depuis longtemps. Mais avec les enfants, la routine, le travail, on sait tous comme c’est facile de choisir la facilité et le confort. Puis 2020 est venue, et la petite famille, comme beaucoup d’autres, n’a pas eu le choix de ralentir. Le projet est ensuite devenu clair: achat d’une terre, retour aux études, création d’une ferme familiale.

«Ce projet fitait dans ma vie de tellement de manières. Je me suis toujours intéressée à l’endroit d’où proviennent nos aliments, et c’est crucial pour moi d’apprendre à mes enfants à aimer la nature et à en prendre soin. Ensuite, fonder une ferme, c’est un projet stimulant, que je peux entreprendre à mon rythme et qui me valorise. J’ai le privilège de travailler à la maison, les deux mains dans la terre, tout en expliquant comment l’écosystème de notre ferme fonctionne à mes enfants.»

Ralentir pour mieux avancer

Dans la microferme Perras, le temps avance différemment. «On vit dans une société où tout va vite. Je trouve ça incroyable de voir mes enfants s’émerveiller devant quelque chose d’aussi simple qu’une graine plantée dans la terre. Ils s’occupent de plants avec nous et adorent manger leurs légumes à la fin de l’été. Ils s’investissent dans ce projet avec nous. Cette année, ma fille veut s’occuper des fleurs. Et mon garçon, ce sont les carottes et les oignons.»

Comme quoi trouver quelque chose qui nous passionne peut nous amener à passer du temps de qualité avec nos enfants. «Avoir une ferme maraîchère demande beaucoup de temps, mais ce qu’on ne voit pas, c’est que ce sont souvent des projets de famille. Dans mon cours, la majorité des étudiantes sont des femmes.» Elles participent à un mouvement d’agriculture consciente, respectueuse de l’environnement et diversifiée. «C’est le fun de faire partie de cette révolution-là. Le métier n’est pas assez connu ou valorisé.»

S’arrêter, réfléchir à la trajectoire de sa vie et prendre une autre direction est possible à n’importe quel âge selon Alexandra. «Je pense que l’inconfort fait peur à beaucoup de gens. On ne se laisse pas assez de temps pour s’adapter et retrouver ses repères. Je mets cette crainte-là de côté en me disant que si ça ne marche pas, il y aura autre chose.»

Accueillir la différence à bras ouvert

Le retour à la terre de la famille d’Alexandra est un choix que font de plus en plus de jeunes vivant en milieux urbains. C’est pourtant encore un choix risqué et parfois incompris. En optant pour un mode de vie plus lent, on nage à contre-courant.

Quand on demande à Alexandra ce qu’elle dirait à quelqu’un qui voudrait faire un 180, elle donne la réponse qu’elle souhaite à tout le monde: «Go for it! Fonce. Si ça peut te rendre heureuse, fais-le. Peu importe ce que les autres pensent, ou plutôt peu importe ce que tu crois qu’ils vont penser. Parce qu’au final, ça ne change rien dans leur vie, donc ça ne devrait pas t’arrêter.»

Alexandra adhère à l’idée que la vie passe trop vite pour ne pas la vivre à fond (même si pour elle, c’est synonyme de vivre une vie plus simple). «Le sentiment de vivre quelque chose qui te fait vibrer est incroyable. Pourquoi on s’en passerait? C’est hot comme feeling!»

Et qu’est-ce qu’elle dirait à ses enfants s’ils rêvaient d’une vie cosmopolite, faite de cravates et de tours de bureaux? «La même chose! C’est valide comme vie, si c’est celle qu’ils veulent avoir. Je trouve que c’est la beauté de notre génération en tant que parent. On ne pense pas qu’il y a un bon chemin à suivre.»

En d’autres mots, ton chemin t’appartient. À toi de le défricher et d’y semer ce que tu veux.

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